Les briques et le briquetage

Maçonnerie, Matériaux 1966

La maçonnerie ne comprend pas que les ouvrages de pierre mais aussi ceux de brique ; il s'agit alors du briquetage et le maçon qui accomplit ce travail, c'est-à-dire qui emploie et pose la brique, devient un briqueteur (nos gens appellent "bricleur" par corruption du terme anglais "bricklayer").

Comme tous les produits céramiques, la brique est composée d'argile (terre glaise) et de corps étrangers, tels que: chaux, sable, tuf broyé; le tout tient sa couleur d'oxydes de fer provenant du sol.

L'argile est une terre douce qui, lorsque sèche, absorbe l'eau avec avidité pour devenir une pâte plastique qui durcit au feu. On distingue deux espèces de brique: la brique commune et la brique pressée.

La brique commune, qui est à base de glaise, est moulée à la main, séchée à l'air, puis cuite au four à une certaine température. Ses dimensions sont généralement: 8(' x 2 1/2" x 3 3/4", et elle pèse 4 1/2 livres. On l'emploie dans les ouvrages ordinaires: murs de refend, blocage des murs, cheminées, etc.

On considère aussi comme commune la brique pressée de qualité inférieure, de texture ou de couleur irrégulière, les briques écornées ou avariées.

La brique pressée est moulée à la machine, séchée mécaniquement puis cuite à haute température. La couleur des briques pressées dépend de leur degré de cuisson et de la partie du four où elles cuisent.

Les dimensions de la brique pressée sont d'environ 8 1/4" x 2 3/8" x 3 7/8" ; son poids varie de 5 à 5 1/2 livres. On l'utilise dans les parements extérieurs des murs de façades, les hautes cheminées, les arches et voûtes, en général partout où la brique doit offrir une forte résistance.

QUALITÉS DE LA BRIQUE

Une bonne brique est d'abord bien cuite, puis résonnante lorsqu'on la heurte à une autre brique ou à la truelle. On considère une brique qui résonne comme de qualité; un son plutôt mat émane de la brique molle et cassante.

Une bonne brique n'absorbera pas plus du dixième de son poids d'eau. C'est ce facteur d'absorption, plus que tout autre, qui détermine la durée d'une brique exposée à l'humidité et au gel.

La brique rouge bien cuite n'absorbera que de 5% à 10% de son poids d'eau ; la brique commune rouge pâle, qu'on n'utilise guère que dans le blocage intérieur des murs, absorbe de 20 à 25% d'eau ; une brique très molle en absorbera jusqu'à 25% et même 30%.

On mesure l'absorption d'une brique en la plaçant dans un bassin d'eau et en la pesant avant et après son immersion.

 On peut aussi vérifier le phénomène en déposant une brique debout dans un peu d'eau ; si la brique s'humecte 2 pouces au-dessus de la ligne d'eau, cette brique est impropre au parement d'un mur ; si l'humidité franchit 3", la brique est de mauvaise qualité et à rejeter.

RÉSISTANCE DE LA BRIQUE

La résistance à la rupture d'une bonne brique commune n'est pas inférieure à 720 livres au pouce carré ; une brique pressée de 8" x 4" x 2 1/4", n'écrasera pas jusqu'à une pression de 1,620 livres au pouce carré.

Ces données supposent la brique posée à plat sur un appui de 1" à chaque extrémité, laissant sous le centre un vide de 6".

La résistance d'une brique à l'écrasement ne peut être inférieure à 4,000 livres au pouce carré.

BRIQUE DE CIMENT

On emploie quelquefois de la brique faite de ciment et sable, aux proportions 1:4. Le dosage d'une brique de béton est d'une partie de ciment, 3 de sable, et 3 de pierre cassée de 1/4".

La brique de ciment ne peut avoir un module de rupture inférieur à 150 livres au pouce carré, ni absorber plus de 15% de son poids d'eau.

LES BRIQUES RÉFRACTAIRES

Les briques réfractaires — ou briques à feu comme on les appelle communément — comprennent de l'argile exempte de chaux et de la pyrite de fer ; elles sont cuites à haute température.

On utilise surtout cette brique dans la construction des foyers de fournaises, des âtres de cheminées d'intérieur, des cheminées soumises à de fortes chaleurs et dans les parements intérieurs des voûtes de sûreté.

Dans les foyers et conduites de cheminées, on la pose au moyen d'un ciment réfractaire spécial.

LE BRIQUETAGE

On laisse entre les briques communes un joint de mortier d'au moins 3/16" et d'au plus 3/8" d'épaisseur.

On emplit de mortier tous les joints verticaux et vides entre les briques. Il n'est pas rare de rencontrer des joints de 3/4" lorsque l'ouvrage n'est pas bien surveillé; toutefois on n'acceptera aucun joint de plus de 1/2".

Fig. 61.— Principaux outils et accessoires du briqueteur

Fig. 62.— Longueur que donnent les briques avec joints verticaux et horizontaux de 1/4" posées dans un mur.

On tire à la truelle tous les joints de mortier sur le parement du mur ; on fait les joints exposés à l'extérieur de manière à ce que l'arête inférieure de la brique forme pour ainsi dire un petit larmier au haut de chaque joint pour empêcher l'eau de s'y infiltrer.

On y parvient en traînant la truelle directement sur le dessous de l'arête vive, celle de la brique supérieure rejetant l'eau en dehors du joint. (Fig. 63).

Fig. 63.— Façons très variées de finir les joints de la brique. Les joints obliques et baguettes ont pour principal inconvénients de laisser l'eau s'accumuler sur le sommet de la brique ; si cette dernière est poreuse il s'ensuit de sérieux dommages à la longue.

Fig. 64.— Gomment disposer sur le papier quadrillé divers appareillages de briques afin de calculer l'espace à remplir et de marier les couleurs. L'appareil du haut est dit "en croix" ; celui du bas est dit "flamand". Les briques dont le petit bout forme le parement du mur portent le nom de boutisses.

LES BRIQUES ET LEUR MISE EN OEUVRE

On pile les briques sur le chantier de construction et on les humecte au fur et à mesure de leur mise en œuvre, à moins que la température ne soit au-dessous de 32°F.

Si l'on pose la brique avec du mortier ordinaire, par une température inférieure à 40° F. le jour, on la recouvre le soir, pour l'empêcher de geler, avec du papier goudronné et des planches. Le mortier de chaux renforci de ciment subira sans inconvénient une telle

température. La brique posée avec un mortier de ciment et sable résistera bien au froid si elle est bien sèche.
Il faut poser toutes les briques bien de niveau et d'aplomb, avec boutisses à tous les cinq rangs, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur. (Fig. 65).

Fig. 65.— Manières appropriées de lier ensemble les matériaux formant un mur de maçonnerie. Dans un mur de brique, de même que dans les combinaisons de brique et terracotta et brique et blocs, on place à tous les cinq rangs des boutisses qui servent a consolider toute la structure.

Dans les murs de moins de 3 étages, on peut employer, pour maintenir la brique de parement, des feuillards ou autres dispositifs correspondant aux boutisses intérieures. Placés à tous les 8", ces feuillards seront bien ancrés dans le mortier des joints. (Fig. 66).

Fig. 66.— Lorsqu'un mur de brique est épais on peut utiliser des liens ou étriers en métal dont on voit ici trois
échantillons caractéristiques.

Fig. 67.— Ci-haut, la liaison d'un appareillage anglais s'effectuant par des boutisses, on utilise des briques aux 3/4 tel qu'indiqué. Le cliché du bas nous montre un appareillage flamand avec des 1/4 de briques alternés pour compléter les rangs à la jonction les murs formant un angle.

LES MORTIERS DE BRIQUETAGE

Nous avons vu que le mortier est un mélange de chaux ou de ciment avec du sable, servant comme enduit ou de lien aux pierres ou aux briques dans les travaux de maçonnerie ou de briquetage.

Autrefois, lorsqu'il n'y avait pas encore de substitut à la chaux, les maçons, briqueteurs et plâtriers avaient l'habitude d'éteindre à l'avance une quantité suffisante de chaux pour servir aux travaux d'une année.

Encore aujourd'hui ne voit-on pas parfois installées sur les chantiers, avant même que les excavations soient commencées, de grandes boîtes où la pâte de chaux séjourne plusieurs semaines avant son emploi ?

Mais il arrive le plus souvent que la chaux, à peine livrée sur les lieux, est éteinte immédiatement et employée dans le mortier le même jour, ayant eu à peine quelques heures pour s'éteindre.

Or, comme l'extinction de la chaux vive prend 8 jours pour s'accomplir, il en résulte que le mortier n'aura pas la consistance voulue et que l'extinction se continuera même après le posage, occasionnant une certaine expansion du mortier par absorption de son humidité, retardant sa prise et entraînant sa désagrégation dans les joints, comme il arrive trop fréquemment encore.

Afin d'éviter pareil dégât, il faut exiger que la chaux ait été éteinte 8 jours avant usage. Comme la chaux vive en s'éteignant ne dégage sa chaleur que durant quelques heures, la gelée peut retarder ou empêcher son extinction. Il sera donc préférable de ne pas employer de chaux vive en hiver, car la prise du mortier est alors trop lente.

EXTINCTION DE LA CHAUX POUR LE MORTIER

On peut éteindre la chaux de deux façons:

1° dans une boîte étanche, en y ajoutant de l'eau ;

2° sur une plate-forme ou table en l'entourant de sable et en l'immergeant au centre. Lorsque la chaux est complètement éteinte on la couvre de sable jusqu'à son emploi.

La chaux vive absorbe l'eau rapidement:

il s'en dégage une chaleur intense et une vapeur caustique, la chaux se réduisant en morceaux puis en miettes, pour se pulvériser en séchant. À ce moment, la chaux est éteinte: elle est alors prête pour le mortier.

LA CHAUX HYDRATÉE

Faute de temps pour éteindre et utiliser la chaux vive, on a recours à la chaux hydratée. C'est de la chaux vive de première qualité, que l'on a éteinte, moulue et mise en sacs, afin d'en préserver les propriétés. Encore faut-il que cette chaux hydratée soit immergée au moins 24 heures avant usage et forme une pâte blanche.

La chaux hydratée, à laquelle on peut ajouter du ciment, est idéale pour le mortier d'hiver alors que le ciment, par sa prise rapide, obvie au tassement qui se produirait sous l'effet des gelées durant les travaux.

En hiver, il faut utiliser de l'eau chaude et avoir soin de réchauffer le sable ; on n'ajoute le ciment au mortier qu'en petites quantités à la fois, et 60 minutes au plus avant sa mise en œuvre.

PRÉPARATION DU MORTIER À BRIQUE

On prépare le mortier de chaux en mélangeant de 2 à 5 parties de sable bien net et granuleux à une partie de pâte de chaux.

On peut difficilement déterminer le dosage exact du sable par rapport à la chaux éteinte ou hydratée.

Dans les briquetages, on ne peut employer qu'une faible proportion de sable; s'il y a trop de sable, le mortier adhérera à la truelle et sera difficile à manipuler.

Dans les mortiers de maçonnerie et de briquetage, on a tendance à employer beaucoup de sable, ce qui déprécie l'ouvrage.

Le bon mortier est généralement gras et plastique ; il glace sous la pression de la truelle; sa consistance lui permet de glisser lentement de lui-même sur la truelle inclinée à 45°. La surface d'un mortier bien gâché se glace facilement sous l'action polissante de la truelle.

L'usage de la chaux perdit pendant quelque temps sa vogue d'autrefois dans les bons briquetages ou maçonneries; on lui substitua le ciment qui semblait offrir plus de résistance. On recommence maintenant à l'utiliser, mais en dosages limités ; de concert avec un peu de ciment, on en obtient un mortier plus plastique et durable.

Tout en accroissant la plasticité du mortier, la chaux durcit moins vite que le ciment et tolère ainsi moins de tassement.

Un mortier à base de chaux, sable et ciment prépare un meilleur lit à la pierre ou aux briques, court dans tous les joints horizontaux et scelle complètement les joints verticaux. De plus, sa consistance et sa dureté suffiront à supporter sans tassement appréciable les charges s'accumulant au fur et à mesure de la progression des travaux.

La chaux, ralentissant la prise, facilite la mise d'aplomb des matériaux et leur procure une assise uniforme pendant la durée de sa plasticité. Le mortier de chaux et ciment assure la liaison permanente de la maçonnerie ou des briques, et durcit sans se fissurer par tassement.

Aucun mortier de chaux et ciment ne peut servir après 60 minutes de sa préparation. La proportion de ciment y est du dixzième au cinquième de celle de la chaux.

Les joints de briques tirés au mortier de chaux, à la truelle ou au fer, ne devraient pas faire d'empreintes, au bout de trois jours, sous la pression d'un objet ordinaire.

Le bon mortier de chaux et ciment ne peut être rayé après 48 heures avec une pointe métallique. Ces mortiers seront plus ou moins imperméables, et sujets aux efflorescences.

CHAUX HYDRATÉE AJOUTÉE AU MORTIER DE CIMENT

Lorsqu'un mur de maçonnerie ou de brique est très exposé aux intempéries, par exemple s'il est orienté vers le nord-est, ses joints doivent être parfaitement imperméables et très résistants. On les tire donc, dans le parement extérieur, avec un mortier de ciment et de chaux hydratée.

L'addition de chaux hydratée au mortier de ciment le rend plus plastique, donc plus facile à poser, et en retarde la prise. La proportion de chaux hydratée y sera de 10 à 20%.

Fig. 68.— Voici divers appareils pour les murs en briques et leur appellation respective. Ces dix modèles peuvent servir d'inspiration afin de varier l'apparence des murs tout en leur conservant la Solidité requise. Les rectangles ombrés indiquent la position des briques de couleur formant contraste avec l'ensemble du mur.

POIDS ET RÉSISTANCE DE LA BRIQUE

Au pied carré, la résistance de la brique, dans un mur aux joints de mortier ou de ciment, varie comme suit :

Brique pressée, mortier de chaux:...... 6 tonnes.
mortier de chaux et ciment :........... 9 tonnes
mortier de ciment et chaux hydratée:... 10 tonnes
mortier de ciment et sable:........... 12 tonnes.

Brique commune, avec joints de 3/8" en
mortier de chaux:.................... 5 tonnes.
mortier de chaux et ciment :........... 6 tonnes.
mortier de ciment et sable:........... 8 tonnes.

LE POIDS AU PIED CUBE DES MURS EN BRIQUE EST DE:

Brique pressée, mortier de chaux:........ 140 livres.
mortier de chaux et ciment: 145 "

Brique commune, mortier de chaux:..... 121 livres.
mortier de chaux et ciment: 130 " ( Voir aussi le tableau plus haut qui donne le nombre de briques et le mortier requis pour différentes surfaces de murs.)

LIAISON DES BRIQUES

Liaisonner, c'est emplir de mortier les joints de la brique ou de la pierre, dans les briquetages ou les maçonneries.

 C'est aussi disposer les briques ou les pierres de façon que le milieu d'une repose sur le joint de l'autre. Dans le premier cas, l'agent de liaison est donc le mortier qui emplit les joints et assure la cohésion de l'œuvre.

Fig. 69.— Façon appropriée de faire les fondations d'un dallage ou trottoir en brique. Le cliché du haut fait voir un dallage construit sur une assise de sable; celui du milieu un dallage avec joints et base de mortier ; enfin celui du bas indique l'appareillage à suivre afin de réserver une chaîne de chaque côté ou sur le pourtour du dallage.

Fig. 70.— Voici divers appareils de dallages en brique bordés de chaînes. La chaîne qui borde le dallage peut se faire en relief ou à fleurement de sa surface.

 

 

 

 

 

 

 

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