L'Hirondelle noire

photo d'une Hirondelle noire
Une Hirondelle noire. Photo: Robert McCaw.

photo d'une maisonnette pour les Hirondelles noires
Une maisonnette pour les Hirondelles noires. Photo: Robert McCaw.

L'Hirondelle noire Progne subis, aussi appelée Hirondelle pourprée, est, au printemps et en été, un oiseau familier de plusieurs régions habitées de l'Amérique du Nord. De nombreux nichoirs sont même installés, dans les villes et à la campagne, pour attirer cet insectivore au chant agréable et au vol gracieux.

Caractéristiques physiques

L'Hirondelle noire est notre plus grosse hirondelle, avec ses 17 à 20 cm de long en moyenne. Son corps effilé, ses longues ailes et son bec évasé la font ressembler aux autres membres de sa famille. Sa queue n'est pas aussi fourchue que celle de certaines autres hirondelles. Le mâle, avec son plumage foncé, paraît souvent noir, mais sa coloration bleu noir éclatante est clairement visible par temps ensoleillé. La femelle est d'une couleur plus claire, et la gorge et le ventre sont gris pâle. Une fois qu'ils ont quitté le nid, les jeunes ressemblent aux femelles adultes pour ce qui est de la couleur, quoique les mâles immatures ne prennent la livrée foncée et uniforme de l'adulte qu'au cours de la seconde saison de reproduction. Le chant de l'Hirondelle noire est constitué d'une série de notes fortes, distinctives et glougloutantes. Au vol, cette espèce fait alterner vols planés et battements d'ailes rapides. Comme les autres hirondelles, l'Hirondelle noire est une acrobate du ciel qui change souvent de direction en poursuivant des insectes.

Répartition

L'Hirondelle noire niche localement dans la plus grande partie du sud du Canada, dont la Nouvelle-Écosse, le sud du Nouveau-Brunswick, du Québec, de l'Ontario et du Manitoba, le sud et le centre de la Saskatchewan, et le centre-nord de l'Alberta. En Colombie-Britannique, on l'observe dans la région de la rivière Peace, dans le sud de l'île de Vancouver et dans l'extrême sud-ouest de l'intérieur de la province. Elle est beaucoup moins fréquente dans l'Ouest canadien qu'elle ne l'est dans les provinces de l'Est.

Dans toutes ces régions, elle préfère les terrains à découvert, particulièrement ceux adjacents à des lacs ou des marais. Même si les effectifs de l'Hirondelle noire se sont accrus à l'échelle continentale depuis 1966, cette tendance ne se retrouve pas partout dans son aire de répartition. L'analyse des données du Relevé des oiseaux nicheurs indique que les populations de l'espèce se sont accrues dans les parties méridionale et centrale de son aire de répartition et ont connu un déclin dans la partie septentrionale des É.-U. Aucune tendance significative n'a été observée pour le sud de l'Ontario et du Québec. Les changements démographiques soudains à l'échelle régionale s'expliquent habituellement si l'on considère les périodes marquées par des intempéries. La prédation, la parasitisme, la compétition pour les nids et les modifications de l'habitat ont également des effets importants sur les effectifs.

Migration

L'Hirondelle noire arrive au Canada tôt au printemps, habituellement au début d'avril au Québec et en Ontario, et à la fin d'avril et au début de mai dans les autres régions. Le moment où s'effectue la migration dépend en grande partie de la température et des autres conditions météorologiques. Les oiseaux migrent seuls ou en petits groupes. Les mâles arrivent les premiers, habituellement quelques jours avant les femelles, et se mettent à la recherche d'un endroit où nicher. Étant donné leur arrivée hâtive, les Hirondelles noires doivent parfois faire face à des conditions climatiques difficiles. Et si le mauvais temps persiste pendant plusieurs jours, il arrive que l'activité des insectes soit grandement diminuée et que de nombreux oiseaux meurent de faim. Toutefois, cette arrivée hâtive semble nécessaire afin de permettre à cette espèce de concurrencer les autres pour l'obtention de sites de nidification dont le nombre est limité.

Au plus tard trois semaines après que les jeunes ont abandonné le nid, l'Hirondelle noire entreprend sa longue migration vers le sud. Les mâles sont les premiers à partir, bientôt suivis par les femelles adultes et les immatures. Cette migration commence habituellement en juillet, et la plupart des individus partent à la fin d'août. Les Hirondelles noires se rassemblent souvent en très grand nombre au cours du voyage et peuvent alors demeurer dans une région pendant plusieurs jours si les réserves alimentaires sont suffisantes. Il existe plusieurs voies migratoires possibles vers le sud. Dans l'ouest, elles suivent souvent la côte pour ensuite traverser l'Amérique centrale. Dans l'est, elles ont le choix entre traverser le golfe du Mexique ou passer par les Antilles, au sud de la Floride, pour se rendre à l'île Trinité. Quelle que soit la voie empruntée, les Hirondelles noires passent l'hiver dans un vaste secteur de l'Amérique du Sud qui s'étend du sud-est du Brésil à l'est de la Bolivie et de la Colombie d'une part, et au sud des Antilles d'autre part. Une étude d'oiseaux marqués menée par des ornithologues du Brésil et des États-Unis a permis de constater que les Hirondelles noires qui nichent dans des endroits très dispersés des États-Unis et du Canada peuvent aller passer l'hiver dans des villes de l'État de Sao Paulo, dans le sud du Brésil. Malheureusement, on dispose de très peu de renseignements sur les habitudes de cette espèce dans ses lieux d'hivernage.

Nidification

L'Hirondelle noire niche habituellement en colonies, même si certains couples peuvent nicher seuls dans des secteurs isolés. Autrefois, l'Hirondelle noire nichait dans les crevasses des falaises, dans des trous de pic abandonnés et dans des arbres creux. Aujourd'hui, la plupart des Hirondelles noires nichent toutefois en colonies dans des nichoirs artificiels. Dès leur arrivée au printemps, les mâles cherchent un endroit convenable pour construire le nid. La concurrence est parfois féroce lorsque de nouveaux arrivants tentent de s'emparer des compartiments déjà occupés d'une maisonnette. C'est pourquoi on peut souvent voir au printemps deux oiseaux tomber au sol en se disputant un " appartement ". Habituellement, le mâle qui a occupé le logis le premier est en mesure de repousser tous les intrus. Il arrive qu'un mâle défende plusieurs compartiments à la fois, apparemment afin de tenter d'attirer plus d'une femelle.

Lorsque la femelle arrive, elle se met immédiatement à la recherche d'une maisonnette. Elle peut visiter plusieurs compartiments avant d'arrêter son choix sur l'un d'eux et sur un partenaire. Une fois le couple installé dans son appartement, deux à trois semaines s'écoulent avant la construction du nid. Les deux partenaires participent à cette tâche en rassemblant des brindilles, des feuilles, de la boue et, s'il y en a, des plumes.

Habituellement, l'Hirondelle noire pond chaque été 4 ou 5 oeufs blanc terne qui pèsent entre 3 et 5 g chacun. Les cas apparents de deuxième nidification sont habituellement attribuables à l'arrivée d'un nouveau couple dans un nid récemment abandonné. La femelle s'occupe à elle seule de l'incubation, le mâle pouvant être présent sans toutefois couver les oeufs. La femelle consacre entre 70 et 80 pour 100 de la journée à cette tâche, et l'éclosion a lieu au bout de 15 à 18 jours. leur naissance, les jeunes sont nus, et la femelle les couvre de ses ailes jusqu'à ce qu'ils soient âgés de 7 ou 8 jours. Au cours des 12 premiers jours au nid, le poids des jeunes passera de 3 g à 40 ou 45 g. À cette période, tout autre membre de la colonie qui pénètre dans le compartiment du couple en est vigoureusement chassé.

Durant les deux semaines qui suivent, les jeunes n'augmenteront leur poids que légèrement. Les deux parents les nourrissent, même si la femelle fournit habituellement plus de nourriture que le mâle. Au cours d'une journée, ils peuvent leur donner la becquée jusqu'à 60 fois. Comme dans le cas des autres hirondelles, les jeunes Hirondelles noires demeurent au nid pendant une longue période, habituellement entre 28 et 35 jours, et ce, apparemment afin de permettre le développement complet des plumes nécessaires au vol. Après avoir pris leur envol, les jeunes reviennent parfois brièvement au nid où les parents continuent de les nourrir.

Régime alimentaire

L'Hirondelle noire se nourrit de toute une gamme de gros insectes volants comme les libellules, les papillons nocturnes et diurnes, les mouches domestiques, les mouches à cheval et les mouches à chevreuil. Peu sélectives dans le choix de leurs proies, les Hirondelles noires se nourrissent de ce qui est le plus facile à attraper. Ainsi, leur régime varie selon la période de l'année et même selon le moment de la journée. Lors des jours frais et nuageux, elles se nourrissent au ras du sol, là où les insectes ont tendance à se rassembler. De plus, elles prélèvent parfois des insectes à la surface des étangs en partie gelés. Au cours des périodes plus chaudes, les insectes volent plus haut dans les airs, et les Hirondelles noires peuvent alors patrouiller à 30 ou 40 m du sol. Lors des chaudes matinées d'été, on peut même les apercevoir volant à plus de 300 m, où elles attrapent des papillons nocturnes qui ont profité toute la nuit des ascendances thermiques pour migrer. Contrairement à la croyance populaire, il est peu probable que les Hirondelles noires limitent d'une manière ou d'une autre les populations de moustiques. En effet, la plupart des études menées sur le régime alimentaire de cette espèce n'ont pas permis de prouver qu'elles se nourrissaient de moustiques ou d'autres petits insectes.

Recherche et gestion

L'Hirondelle noire constitue depuis de nombreuses années un des oiseaux favoris des adeptes du baguage. Les récupérations d'oiseaux bagués ont permis de rassembler des renseignements exhaustifs sur les déplacements et les migrations de l'espèce. La plupart des adultes retournent chaque année à la même colonie ou encore à une autre située tout près. Les jeunes bagués au nid ont aussi l'habitude de revenir au même endroit pour se reproduire, même si certains peuvent aller s'établir à des centaines de kilomètres de leur lieu de naissance. L'Hirondelle noire est remarquablement douée pour retrouver sa colonie. Ainsi, des adultes qui avaient été transportés, à titre d'expérience, à plusieurs centaines de kilomètres de leur colonie y sont revenus en quelques jours seulement. Le baguage nous a aussi permis d'avoir une idée de la longévité des Hirondelles noires. Il semble que la plupart atteignent 4 ou 5 ans. L'oiseau le plus âgé que l'on ait observé est un adulte de 8 ans recapturé dans sa colonie.

Un bon moyen de favoriser la nidification de ces amis ailés consiste à placer le nichoir artificiel sur un poteau, à bonne hauteur du sol, au centre du plus grand espace à découvert dont vous disposez. Lorsqu'on décide d'installer un nichoir à Hirondelle noire, il est en effet important de prendre certaines précautions. Bien qu'il arrive souvent que de 20 à 30 couples nichent dans une même maisonnette, les oiseaux semblent préférer plusieurs petits nichoirs comptant entre 12 et 20 compartiments chacun aux " immeubles " où l'on en trouve des centaines.

On devrait attendre l'arrivée des premières Hirondelles noires au printemps pour installer les nichoirs ou en permettre l'accès. En procédant ainsi, on empêche d'autres espèces, notamment le Moineau domestique et l'Étourneau sansonnet, de les occuper. Pour boucher les trous d'accès, il suffit d'y enfoncer des verres de styromousse qu'on aura attachés à une ficelle. Lorsque le temps est venu de permettre l'accès aux nichoirs, on n'a qu'à tirer les ficelles. Le retrait systématique des nids des autres espèces au fur et à mesure de leur installation aura également un effet de dissuasion. S'il s'agit d'oiseaux indigènes dont vous souhaitez la présence autour de la maison, vous pouvez aménager également des nichoirs à compartiment unique ailleurs autour de celle-ci.

L'Hirondelle noire a peu d'ennemis naturels. Toutefois les ratons-laveurs, les écureuils, les serpents et les chats grimpent parfois le long du poteau pour s'attaquer aux oeufs et aux oiseaux. Il y a alors lieu de protéger la colonie de nidification en installant un cône anti-prédateurs d'un diamètre d'au moins 20 à 60 cm. Un autre moyen de prévenir les incursions de prédateurs consiste à enduire le poteau de graisse. Malgré ces précautions, il n'en reste pas moins que le danger peut venir par la voie des airs, car les oiseaux peuvent être happés en vol par les faucons et autres rapaces. Des mouches parasites déposant leurs oeufs dans les nids d'Hirondelles noires, les larves sucent le sang des jeunes et peuvent les affaiblir au point de les faire mourir.

Les nichoirs mal conçus constituent un grave problème. Si les compartiments sont trop petits, la chaleur peut faire mourir les petits lors des jours de canicule. Le compartiment devrait donc prendre la forme d'un cube d'environ 18 cm d'arête afin de prévenir le surpeuplement. Une ventilation et un drainage suffisants sont en outre essentiels. La maisonnette devrait en outre être peinte en blanc afin de refléter les rayons du soleil. L'entrée a habituellement un diamètre de 5 ou 6 cm et est située à 2 ou 3 cm du plancher. Les balcons devraient être très étroits afin de décourager les autres espèces de s'y poser. Les maisonnettes doivent être installées à une bonne hauteur du sol, sur un poteau d'une hauteur de 4,5 à 6 m, loin de tout arbre, bâtiment ou fil aérien, et de préférence près de l'eau. Enfin, une fois que les Hirondelles noires l'ont quitté à l'été, le nichoir devrait être enlevé, minutieusement nettoyé et rangé pour la saison froide.

Ouvrages à consulter

  • Delaunois, A. 1990. Les oiseaux de chez nous. 2 éd. rev. et corr. Éd. Héritage inc. Saint-Lambert (Québec). Pp. 140 et 141.
  • Dion, A. 1986. Construire des cabanes d'oiseaux : des dizaines de modèles faciles à réaliser. Éd. de l'Homme. Montréal. (Québec). Pp. 60– 84.
  • Godfrey, W.E. 1989. Les oiseaux du Canada. Éd. rév. Éd. Broquet, en collab. avec le Musée national des sciences naturelles. La Prairie (Québec). Pp. 414 et 415.
  • Stokes, D.W. et Stokes, L.Q. 1990. Nos oiseaux. Tous les secrets de leur comportement. Éd. de l'Homme. Guides Stokes de la nature. Vol. III. Montréal (Québec). Pp. 313-334.

 

Publié en vertu de l'autorisation du ministre de l'Environnement
© Ministre des Approvisionnements et Services Canada, 1987, 1994
N° de catalogue CW69-4/71-1994F
ISBN 0-662-99452-3
Texte: D.A. Wiggins
Révisé par M. Wyndham, en 1994
Photo de la page de couverture: Robert McCaw

 

 

 

 

 

 

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