Les outils du traceur

On appelle traçage (layout work) un procédé par lequel des traits sont reportés sur le matériau que l'on veut ouvrer conformément aux instructions fournies par les plans.

Nous avons dit un mot au début des épures et plans (blueprints). Ce sont des épreuves des dessins tracés à l'encre sur un papier ou une toile translucide, que l'on tire en les exposant à une intense source de lumière. Les épures servent d'intermédiaires entre le dessinateur et le monteur de machines qui doit constamment s'y référer. A ce titre, elles constituent l'un des instruments les plus utiles d'un atelier moderne d'usinage ou de montage. Elles indiquent les détails de construction et d'assemblage de chaque pièce.

Un appareil le moindrement complexe nécessite l'utilisation de milliers d'épurés parfois. Ainsi, certains types d'avions militaires exigent jusqu'à 315,000 dessins principaux pour autant de pièces différentes, plus les dessins supplémentaires de détails et de sous-assemblages! Il en est de même des gros navires et des usines importantes.

Examinez la fig. 203 qui vous donnera une idée des divers groupes d'épurés nécessaires à la construction d'un avion moderne. L'assemblage débute par les épures de détails (détail blueprints). Puis viennent les épures de sous-assemblage (subassembly blueprints). Ensuite, les assemblages d'unités (unit assembly blueprints) et, enfin, les épures d'assemblage final (final assembly blueprints) qui montrent chaque unité à la place qu'elle doit occuper dans l'ensemble de l'appareil.


Fig. 203.— Des milliers d'épurés sont requises pour la construction de tout appareil d'une certaine importance.

Une fois que les épures ont été tirées, le dessin original sur papier végétal ou sur toile translucide est soigneusement classé dans un tiroir de format approprié afin qu'on puisse s'y référer à un moment d'avis, soit pour y effectuer des corrections, soit pour tirer des épures supplémentaires. Ces dessins coûtent trop cher pour qu'on les utilise à l'atelier où ils risqueraient d'être souillés.

Les épures ne sont pas davantage à dédaigner: elles constituent un document permanent qui peut être utilisé autant comme autant à condition qu'elles soient employées avec toute l'attention requise. Nous avons donné la section plan et épure quelques règles à observer afin que les plans et épures, une fois rendus à l'atelier, puissent fournir le maximum de service que l'on attend d'eux.

Ces épures servent non seulement à l'usinage et au montage des pièces: elles servent également au traçage dont nous allons maintenant dire un mot. Le traçage s'exécute en vraie grandeur sur le matériel à ouvrer et, conséquemment, il doit être fait avec le plus grand soin. Pour cela, les mesures doivent être extrêmement précises et le tracé doit indiquer exactement les contours de l'objet.

Ces mesures se limitent toutefois aux contours et aux centres ou lignes d'axes; les cotes, dimensions et légendes n'apparaissent que par exception sur le tracé.

Pour repérer, mesurer et marquer avec précision les lignes d'un traçage sur le métal l'artisan doit connaître au moins deux choses: d'abord comment exécuter un bon tracé en procédant suivant une progression normale; en second lieu il doit savoir comment se servir des meilleurs instruments de précision destinés au traçage et les conserver toujours dans un état impeccable.

Suivez consciencieusement les indications fournies par le plan, utilisez comme il faut vos instruments de traçage, sachez comment vous y prendre pour ne rien gâcher et vous n'éprouverez jamais de difficulté avec les travaux de ce genre. Et d'abord, disons un mot des instruments.

Les crayons à tracer

Pour exécuter des traçages sur le bois et certaines tôles comme l'aluminium et le fer-blanc, il vous faudra utiliser un crayon.

Le crayon de charpentier, à mine plate, peut fort bien servir aux tracés faits sur le bois. Si vous ne disposez pas d'un tel crayon, il est facile de tailler la pointe d'un crayon ordinaire en forme de ciseau, comme le montre notre fig. 204. Par ailleurs, un crayon rond dont la pointe est taillée très fine, de manière à laisser un trait net et de largeur uniforme, peut tout aussi bien faire l'affaire. L'important, c'est que les traits soient précis.


Fig. 204.— Bonne façon de tailler un crayon qui doit servir au traçage des tôles.

Une pointe taillée en forme de ciseau restera affûtée plus longtemps qu'une pointe ronde et ne se rompra pas aussi facilement.

Pointe à tracer

On se servira d'une pointe à tracer (scriber) parfaitement affûtée afin d'obtenir des lignes claires, minces et précises sur le métal.

Les traits d'une pointe à tracer en bon état se voient facilement et peuvent difficilement s'effacer ou s'élargir, ce qui les rend extrêmement utiles pour les forages, découpages ou limages du métal.

La pointe à tracer ordinaire dont se servent les machinistes est un délicat instrument pourvu de pointes fines à chacune de ses extrémités. L'une des extrémités en question est parfois recourbée de manière à permettre son emploi  Dans les endroits où l'espace est limité. C'est un instrument très commode qu'il ne faut cependant pas porter dans ses poches parce qu'il est trop dangereux.


Fig. 205.— Pointe à tracer et bonnes façons de s'en servir pour obtenir des lignes absolument précises.

Ceux qui doivent exécuter des travaux loin de l'atelier peuvent se servir d'une pointe à tracer de poche comme celle que fait voir notre fig. 205. Cet instrument est muni d'une pointe amovible (removable point) qui se visse au manche, mais que l'on peut enlever et placer à l'intérieur de celui-ci afin d'éviter tout accident.

Toutes les pointes à tracer possèdent un manche rugueux, généralement moleté, qui les empêche de glisser dans les mains lorsqu'on s'en sert.

Avant de vous servir de votre pointe à tracer, vérifiez-en la pointe. Assurez-vous qu'elle est bien ronde et pointue. Pour affûter la pointe et la garder ronde il suffit de la passer légèrement sur une pierre à huile en lui imprimant une légère rotation entre les doigts.

Quelques remarques, à présent, sur la manière d'employer une pointe à tracer. D'abord, tenez-la fermement entre vos doigts — tout comme vous tiendriez un crayon pour écrire. La fig. A fait voir à quel angle la pointe doit être tenue par rapport à la pièce. C'est de cette manière qu'il faut la tenir pour exécuter les tracés à l'aide d'une règle à dresser (straight-edge).

Notez comment, en (B), fig. 205, l'instrument a été incliné à un certain angle par rapport à la réglette de manière à ce que la pointe suive avec précision le rebord inférieur de celle-ci. Exercez sur l'instrument une pression uniforme — sinon vous obtiendrez un trait irrégulier et discontinu.

Habituez-vous à faire un trait fort en appuyant fermement dès la première passe. Abstenez-vous de repasser la pointe sur un trait déjà fait, car vous obtiendrez une ligne floue (blurred) ou dédoublée qui sera une cause d'imprécision.

Si habile que vous soyez, vous ne pourrez à peu près jamais tracer vos lignes avec une exactitude rigoureuse — vous serez toujours à côté de quelques millièmes des mesures absolues. Mais en suivant scrupuleusement les instructions, vous parviendrez à vous maintenir dans les limites de précision ordinairement tolérées.

La réglette de machiniste

Le matériau que vous tracez à l'aide d'un crayon ou d'une pointe se mesure à l'aide de la réglette de machiniste (machinist's steel rule). C'est un instrument de mesure précis, fait d'acier à ressorts et gradué en pouces et fractions de pouce. Les meilleures règles de ce genre sont graduées en huitièmes et en seizièmes sur l'une de leurs faces; en trente-deuxièmes et en soixante-quatrièmes sur l'autre. Leur longueur normale est 6 pouces; quelques-unes ont 12 pouces et plus.

Les graduations sont des traits dont la largeur est d'environ 0.005 de pouce, de sorte que pour obtenir une mesure absolument précise, il faut compter à partir du centre de ces traits et mesurer de centre en centre.

Vu qu'il est difficile d'obtenir des mesures exactes lorsque la réglette est ébréchée, couverte d'égratignures, usée ou que ses traits sont effacés, il est préférable de la tenir constamment recouverte d'une mince couche d'huile et de la  Conserver dans son étui lorsqu'on ne s'en sert pas. Il faut s'abstenir de la jeter négligemment dans le coffre à outils où elle risquerait d'être endommagée.


Fig. 206.— La réglette se place perpendiculairement à la surface que l'on veut mesurer; on commence toujours à compter de la graduation d'un pouce.

Quelques tours de main, qu'il est bon de connaître, vous aideront à obtenir des mesures précises sur vos tracés. Par exemple, vous constaterez (fig. 206) que la réglette est placée perpendiculairement au matériau — c'est afin que les graduations viennent directement en contact avec la surface de ce dernier. En tenant la réglette de cette manière, vous pouvez repérer un point quelconque et le marquer avec précision avec votre pointe à tracer.

Veuillez bien noter, en outre, que les mesures ne sont pas prises à compter de l'extrémité de la réglette. Du fait que les extrémités sont parfois usées ou arrondies, il faut toujours mesurer à compter de la graduation d'un pouce, et non pas à compter de l'extrémité de la réglette d'acier.

Assurez-vous que vous voyez bien les graduations de la réglette ainsi que les marques faites ou à faire; pour cela, déplacez le matériau ou placez-vous de manière à obtenir le meilleur éclairage possible.

La pièce qui doit recevoir le tracé doit être assujettie dans un étau ou placée d'aplomb sur l'établi. Tenez la réglette d'une main et la pointe à tracer de l'autre. Et lorsque vous avez marqué une dimension ou tracé une ligne, vérifiez-en l'exactitude immédiatement avec la réglette. Soyez certain que cette marque est au point exact où elle doit être avant d'en faire une autre.

Votre réglette servira aussi à vérifier les mesures de la pièce pendant le façonnage. Une fois terminé, le travail devra finalement être vérifié de nouveau, à l'aide de cette même réglette, sous tous les angles possibles. Cette dernière vérification a pour but d'obtenir la certitude que la pièce correspond strictement aux limites et dimensions fournies par les plans.

La règle à dresser

Vous pouvez vous servir d'une réglette de machiniste comme guide pour tracer sur le métal ou le bois, mais vous pouvez aussi vous servir d'une règle à dresser (straightedge). C'est un instrument aux bords parfaitement droits comme le précédent, mais généralement plus long et qui ne comporte aucunes graduations. On s'en sert uniquement pour tirer des traits; pour des raisons évidentes, la règle à dresser ne peut servir à prendre des mesures.

Faites en sorte de garder ces règles en parfait état — sans brèches et sans ondulations — de manière à pouvoir vous en servir en toute circonstance pour tracer de longues lignes droites et afin de les utiliser pour vérifier l'exacte planéité des surfaces. Enduisez-les d'huile et rangez-les soigneusement lorsque vous n'en avez pas besoin. Prenez-en bien soin de manière qu'elles demeurent toujours parfaitement droites.

Les pointes sèches

Nous avons déjà dit un mot des pointes sèches (dividers) qui font partie de toute trousse ou pochette de dessinateur. Celles dont il va être question ici servent principalement à tracer des cercles ou à repérer les distances directement sur les pièces à travailler.


Fig. 207.— Compas à pointes sèches servant au traçage.

Ce sont des compas de précision du genre que fait voir notre fig. 207 et dont l'écartement des pointes est réglé au moyen d'une vis. La fig. 207-A fait voir la bonne façon de procéder à ce réglage en utilisant à cette fin la réglette de machiniste. Comme pour les autres mesures, on ne se base pas sur l'extrémité de la réglette, mais bien à compter de la graduation de 1", pour mesurer l'écartement des branches du compas.

Lorsqu'il s'agit de tracer un cercle (fig. 207-B), il est préférable de vérifier préalablement l'écartement précis des branches en traçant sur une feuille de rebut la circonférence désirée afin de s'assurer qu'elle est bien du diamètre requis. Cette vérification s'accomplit à l'aide de la réglette.

Il est important que les pointes du compas soient très pointues. Pour en régler l'écartement, vous tenez d'une main les branches, tandis que, de l'autre, vous actionnez la vis de réglage. Ceci permet de faire tourner facilement l'écrou moleté et prévient l'usure prématurée des filets. On obtient par ce moyen un réglage approximatif que l'on achève en procédant comme le montre la fig. 207-A.

Quand le métallurgiste trace une courbe sur le métal à l'aide d'un compas à pointes sèches, on dit qu'il décrit un arc (swinging an arc). Observez de quelle façon il tient son compas (fig. 207-B) pour décrire cet arc — il le prend par la tige (handle) et non pas par les branches. En ayant recours à un mouvement continu et en exerçant une pression uniforme pendant que le compas est légèrement incliné, on obtient un trait net d'une seule passe du compas. Toute reprise se traduit généralement par un trait imprécis et irrégulier.

On désigne le format d'un compas à tracer par la longueur d'une de ses branches, longueur qui peut varier de 3" à 12''


Fig. 208.— Compas à verge utilisé pour le traçage des cercles de grand diamètre.

Les compas à verge

Pour les travaux qui exigent des tracés circulaires (arcs or circles) de grand diamètre, on a recours au compas à verge (trammel points).

La fig. 208 permet de voir de quelle manière ce genre de compas peut s'utiliser. Les pointes ou branches se trouvent reliées à une verge (bar) au moyen de vis de blocage (lock screws).

Il importe de s'assurer, avant d'employer un compas à verge, que celle-ci est bien droite — autrement on risque d'obtenir un cercle qui ne sera pas absolument rond. Pour obtenir un trait précis, on incline légèrement les pointes vers la direction à suivre et on maintient cette inclinaison pendant toute la durée du tracé. (Fig. 208).

S'il vous arrive d'avoir besoin d'un compas à verge et qu'aucun ne soit en disponibilité, vous pouvez vous servir d'une mince tringle de bois et de deux clous pointus.

Les équerres

Jusqu'ici, on a appris comment tracer des lignes droites et circulaires. Mais les angles, comment les obtient-on ?

Ceux-ci sont réalisés à l'aide d'équerres.

Dans environ 99 pour cent des cas, vous devrez vous servir d'une équerre ordinaire afin de tracer des lignes à angle droit (90°) à partir d'un bord rectiligne. Le 1 pour cent qui reste sera formé de lignes dont l'angle sera autre que 90°.

Sur les pièces de grandes dimensions et en particulier celles qui sont faites de tôle, on se sert d'une équerre ordinaire de précision (fig. 209-A). L'équerre de charpentier (fig. 209-B) s'emploie lorsque de longs traits ne sont pas requis. Enfin, pour obtenir des tracés de grande précision, on utilise l'équerre à combinaison (fig. 209-C).


Fig. 209.— a) Équerre de précision; b) équerre de charpentier; c) équerre à combinaison.

Cette dernière s'avère, en effet, un des outils les plus précieux du traceur, non seulement pour tirer des lignes, mais encore pour vérifier les angles et les surfaces. Cette équerre est formée d'une lame de 10" ou 12" sur laquelle peuvent s'adapter trois genres de têtes ou poupées. La poupée droite sert d'équerre ordinaire pour les angles à 90° ou d'instrument pour aider au traçage des angles à 45°. Elle comporte un niveau à bulle d'air (spirit level) qui est commode lorsqu'il s'agit de mettre d'aplomb les surfaces horizontales ou verticales.

L'équerre à combinaison peut s'employer également avec la poupée rapporteur (protractor) que l'on aperçoit en (b) de la fig. 209.


Fig. 210.— Quelques emplois de l'équerre à combinaison et des poupées dont elle est pourvue.

Cette poupée facilite le repérage et le traçage de n'importe quel angle autre que 90° et 45°. Il suffit de l'ajuster à l'angle voulu, grâce à l'échelle demi-circulaire graduée que comporte ce dispositif, et de l'assujettir au moyen de deux vis de blocage.

Enfin, en (c) fig. 209, on peut voir le troisième accessoire de l'équerre à combinaison: c'est une poupée à centrer (center head), dite aussi à chapeau ou à cintre. C'est un dispositif qui permet de trouver le centre des objets ronds comme les barres de métal, les arbres de couche, etc.

Notre fig. 210 fait voir les diverses utilisations de l'équerre à combinaison et de deux des trois poupées que nous venons de décrire.


Fig. 211.— Équerre à combinaison simplifiée. Un modèle beaucoup simplifié de l'équerre à combinaison est illustré en fig. 211.

Lorsque vous devez vous servir d'une équerre en prenant comme point de repère l'un des bords rectilignes d'un objet ou surface, maintenez-la en contact avec cette surface —-le talon aussi bien que la lame. Par ce moyen, vous obtiendrez un tracé précis en empêchant votre pointe à tracer de pénétrer sous la lame de l'équerre.

Toutes les équerres doivent être maniées avec soin. Une équerre ébréchée, gauchie ou fêlée vaut moins que rien. Ne les laissez pas choir sur le plancher et ne les entassez pas pêle-mêle avec les autres outils dans vos coffres. Un bon outil doit être traité avec autant d'égards que votre montre-bracelet, et une équerre à tracer est l'un des outils les plus précieux du métallurgiste.


Fig. 212.— Les deux types de pointeaux utiles au traceur.

Les pointeaux

Pour décrire un arc à l'aide du compas à pointes sèches, il faut partir d'un point central situé à l'intersection de deux lignes.

Si vous ne faites que placer l'une des pointes du compas au point formé par l'intersection, la pointe glissera — à moins que vous n'ayez eu la précaution d'y apposer un centre au moyen du pointeau à tracer (prick punch). Une petite cavité faite à l'aide de ce pointeau servira de point d'appui ou de pivot au compas diviseur.

Les pointeaux (fig. 212), ont 4 ou 5" de longueur et, en plus d'un manche moleté, sont pourvus d'une pointe arrondie et très pointue. Pour marquer un centre, il suffit de frapper doucement le pointeau à l'aide d'un petit marteau de mécanicien à panne ronde; un marteau de 4 onces suffit.

Voici un petit truc qui vous aidera à placer le pointeau exactement au centre d'une intersection. Faites suivre la pointe de l'instrument dans l'une des lignes tracées jusqu'à ce que vous sentiez qu'elle bute dans la ligne de travers. Redressez alors le pointeau et frappez-le doucement pour marquer votre centre (fig. 213-A).

Pour vérifier si ce centre est bien marqué, examinez-le à l'œil sous un angle d'éclairage approprié et servez-vous de la réglette pour en contrôler la distance. Tenez la réglette perpendiculaire à la pièce marquée et comptez à partir de la graduation de 1". Le point est-il à l'endroit voulu ?

Si, par hasard, il n'était pas exactement au bon endroit, vous pourriez essayer de le déplacer en utilisant la technique indiquée par notre fig. 213-B, c'est-à-dire en plaçant la pointe sur la marque et en frappant le pointeau vers le point exact. Il faut procéder avec précaution afin de ne pas détériorer irrémédiablement la surface de la tôle.


Fig. 213.— Emplois du pointeau pour marquer la position d'un centre.

Le pointeau de traçage sert à marquer les centres. La très faible dépression qu'il grave dans le métal peut être approfondie au moyen du pointeau de centrage (center punch). C'est un instrument à pointe obtuse (90° environ, fig. 212) qui permet de guider le départ des forets lorsqu'il s'agit de percer une pièce quelconque de métal.

On utilise un marteau de 8 ou 10 onces dont on assène un coup vigoureux sur la tête du pointeau. Il faut s'assurer préalablement que ce dernier est bien au centre et perpendiculaire à la surface du métal.

Pour affûter l'un et l'autre des pointeaux de traçage et de centrage, il convient d'en faire tourner la tige entre les doigts afin que la pointe garde sa forme parfaitement conique. Il ne faut pas qu'elle s'échauffe, au contact de la meule, au point de devenir bleuâtre ou noirâtre — cet excès de chaleur en détremperait la pointe. On préviendra un tel accident en plongeant l'instrument dans l'eau à intervalles fréquents au cours de l'opération d'affûtage.

Instruments spéciaux de  traçage

La plus grande partie des tracés sur le métal s'accomplissent à l'aide de la réglette, de la pointe à tracer, du compas à pointes sèches et des équerres. Toutefois, certains cas spéciaux se présentent qui exigent l'emploi d'instruments plus spécialisés. Les courbes irrégulières sont de ce nombre.

On pourra se rendre compte, en consultant notre fig. 214, quels instruments peuvent servir au traçage de ces courbes. Les courbes petites se tracent facilement à l'aide du pistolet (French curve) dont plusieurs versions existent sur le marché. Il en a d'ailleurs été question lorsque nous avons parlé des instruments de dessinateur.

Les courbes d'ampleur plus grande se tracent à l'aide d'une règle flexible que des poids maintiennent en position. Cet instrument sert principalement dans les chantiers maritimes où les tracés et gabarits doivent être faits en vraie grandeur.


Fig.214.— a) Règle flexible ; b) pistolet, et c) gabarits utilisés pour le traçage des courbes irrégulières.

On commence par déterminer le contour de la courbe au moyen de points qui servent de repères, puis, se servant ensuite de la règle flexible, on fait le traçage.

Rapidité ou précision

Dans les opérations de traçage, comme d'ailleurs dans tout ce qui doit être fait, la précision compte d'abord — elle passe avant la rapidité d'exécution qui s'acquiert ensuite par la pratique. L'important, si l'on veut s'éviter d'avoir à reprendre un traçage, c'est de prendre le temps de vérifier soigneusement chaque opération à mesure qu'elle se présente au programme.


Fig. 215.— Trois méthodes employées pour tracer une spirale.

Traçage d'une spirale

Disons maintenant un mot des] spirales qui sont tracées selon la méthode des centres dont les deux croquis ci-haut, fig. 215, montrent l'application.

Dans les cas pressés et lorsqu'on ne peut disposer d'un compas ou autres instruments de précision, on peut avoir recours à la méthode que fait voir le croquis du bas et qui s'appelle la méthode par déroulement (involute method). Bien réalisée, cette méthode assurera des résultats parfaits.

Pour tracer une spirale comportant entre ses spires un espace donné, il suffit de choisir comme tige centrale une baguette ayant comme diamètre deux fois l'espace en question divisé par π.

Ainsi, lorsqu'il doit y avoir 1/2" entre les spires, la tige doit avoir un diamètre de 2 x 1/2 —3.1416 = 0.318 ou environ 5/16". Enroulez plusieurs tours de ficelle autour de cette tige, placez un crayon dans la boucle formée à l'extrémité libre de cette ficelle, maintenez fermement la tige contre la surface à tracer, et déroulez (développez) votre spirale comme le montre le croquis du bas, fig. 215.

Assurez-vous que la tige et le crayon sont parfaitement perpendiculaires à la surface, et ne permettez pas à la ficelle de s'enrouler autour du crayon ou traçoir.

S'il fallait espacer les spires de 2", il vous faudrait employer une tige dont le diamètre serait: 2x2-^ 3.1416; pour un espacement de 3", une tige de 2 x 3 -e- 3.1416. Vous saisissez l'idée, n'est-ce pas ? L

II est relativement facile de tracer des angles à 90° ou 45°. Mais comment trouveriez-vous un angle de 5 1/2° — surtout si vous ne disposiez pas d'un rapporteur d'angles ?

Il importe de savoir qu'un cercle ne compte que 360° — ce que tout le monde connaît. La première chose à découvrir est le rayon du cercle qui vous intéresse afin d'en trouver la circonférence. Puis, en divisant 360° par cette circonférence, vous obtiendrez la longueur de l'arc pour chaque degré. Il suffit ensuite de trouver le nombre requis de degrés pour votre angle.

Essayons de résoudre le problème posé au début. Supposons que le rayon du cercle soit 7 5/32"; la circonférence sera 2xr ou 2 x 3.-1416 x 7 5/32. Vous obtiendrez comme réponse 44.94. A moins que vous travailliez sur des tolérances extrêmement précises, vous pouvez assumer que la circonférence sera de 45". 45/360 égale 1/8, ce qui est la longueur de l'arc pour chaque degré.

Le croquis A de la fig. 216 fait voir la manière de construire l'angle. Après avoir tracé un arc ayant 7 5/32" comme rayon, vous pouvez vous servir de votre compas à pointes sèches pour marquer 1/8" par un degré sur la circonférence, de façon que 5 1/2 fois ce manège vous donne 5 1/2°.

Ce procédé fonctionne bien pour les angles allant jusqu'à 15°, mais au-delà, il comporte un danger d'erreur d'autant plus grand que le nombre des reports s'accumule. Pour peu qu'il y ait un petit écart dans le réglage des branches du compas à pointes sèches, cette  Erreur se multiplie par autant de fois qu'il y a de reports.


Fig. 216.— Comment mesurer les angles peu souvent utilisés.

Il est donc préférable de décrire un angle aussi grand que possible au moyen des constructions géométriques normales, puis d'y ajouter ou d'en soustraire les degrés qu'il y a en moins ou en trop.

Par exemple, s'il vous faut construire un angle de 48°, faites-en un de 45° auquel vous ajouterez 3° à l'aide du compas diviseur.

Vous pouvez aussi déterminer un petit angle à l'aide de deux règles et d'une équerre comme le montre notre fig. 216-B. La façon de procéder est sensiblement la même, mais elle économise du temps et du travail. Cependant, la méthode indiquée en A est plus précise.

 

 

 

 

 

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