Route Belleterre - Le Domaine 1963

Jeu. 5 sept. 63, p. 11. D'importantes résolutions furent adoptées lors du récent congrès de la Fédération de l'U.C.C. du Témiscamingue et Rouyn-Noranda, tenu à Lorrainville. Parmi les principales, mentionnons: Mise en oeuvre du projet de la route Belleterre-O'Connell Lodge. (Les sept autres résolutions se rapportaient au domaine agricole).

 Jeu. 24 oct. 63, p. 40. Toute la population du Témiscamingue désire que le gouvernement entreprenne l'aménagement de la route Belleterre-Le domaine (O'ConnellLodge). Ce n'est pas le projet d'un homme, d'une Chambre de Commerce, mais de toutes les associations du Témiscamingue. Le projet est approuvé par la Chambre de Commerce provinciale". C'est là ce que nous a déclaré M. Albert Perron, administrateur des Chambres de Commerce du Témiscamingue. M. Perron se rend à Montréal pour remettre un mémoire complet à la Chambre provinciale. Le mémoire a été préparé par des représentants de nombreuses associations.

 Depuis longtemps déjà, on a déploré l'éloignement de notre région des centres économiques de la province. Cela tient à plusieurs causes dont la principale est à l'origine du développement du Témiscamingue.

 II faut bien comprendre que les seules voies de communications de 1880 à 1910 était la rivière Ottawa. Le chemin de fer est arrivé en 1923 et encore couvrait-il qu'une faible partie du territoire développé (25%).

 Quant aux communications routières, il faut attendre les années 1930 pour pouvoir communiquer avec l'extérieur, et encore, par des chemins convergeants plutôt vers l'Ontario. Quelques années plus tard, nous avons assisté à l'ouverture du chemin nous reliant à Rouyn-Noranda et les deux Abitibi, mais sans pour cela nous voir gratifier d'une issue directe vers les Centres de la province.

 Aussi, ne faut-il pas être surpris que le développement de notre région en ait été ralenti, séparés comme nous l'étions des Centres vitaux de la province à laquelle nous appartenons, et pendant que notre région se développait encore une fois à un rythme ralenti, le peu qui s'est fait a été accompli au bénéfice de la province voisine.

 Nous pouvons dire, à l'heure actuelle, que 75% à 80% de notre économie est axée sur Toronto et l'Ontario en général et nous tenons à faire remarquer que c'est en dépit de la bonne volonté des citoyens de notre région.

 Nos hommes d'affaires, nos associations agricoles et commerciales l'ont tellement bien compris que dès 1926 ils formulaient des projets en vue de relier notre région aux autres parties de la province. C'était le but des mémoires qui ont été produits en vue de promouvoir le développement du Témiscamingue. Le relier directement au coeur de la province par voie routière, c'est mettre ses habitants en contact direct avec nos concitoyens de l'État du Québec.

 D'ailleurs, des recommandations gouvernementales remontant à 1949 traçaient déjà à partir des plans de la route 58 actuelle un chemin reliant le Témiscamingue à cette même route en traversant les comtés de Pontiac et de Témiscamingue.

 Cette idée a fait son chemin et nous croyons que la documentation accumulée et transmise dans les années qui ont suivi ces premières tentatives démontrent amplement l'intérêt des citoyens du comté en regard d'un tel projet et, récemment, à une réunion de la Chambre de Commerce régionale tenue à Témiskaming-Sud, le 16 juin 1963, à laquelle assistaient les représentants de toutes les Chambres, le député du comté de Témiscamingue, forte de l'appui des associations agricoles, commerciales, Conseil de Comté, l'unanimité manifestée en 1958 s'est retrouvée autour du même projet, soit: la réalisation d'une route reliant le Témiscamingue à Montréal par la route projetée au "Le domaine O'Connell Lodge" à Belleterre pour rejoindre la route 58. Le projet vient d'être approuvé par le Congrès Provincial des Chambres de Commerce, le 3 septembre 1963.

 Vous pouvez être assuré qu'on n'en est pas venu à une telle décision sans une étude approfondie des incidences que pourrait comporter un tel projet pour notre région et la province en général. De ces études, nous sommes arrivés aux conclusions suivantes, en considérant les aspects: humains, agricoles, forestiers, industriels, touristiques, que plusieurs facteurs sont en cause. (Suit des explications détaillées sur ces aspects).

 La situation nous montre amplement que le jeune témiscamien est passablement restreint par un horizon très limité du côté Québécois alors que les portes lui sont largement ouvertes du côté de la province voisine. Ceci explique l'émigration de nos meilleurs éléments humains vers la province voisine. Peut-on les blâmer d'agir ainsi?.. alors que, d'une part, l'accès direct au Centre de l'Ontario leur est facile, ils doivent, d'autre part, considérer leur propre province hors portée.

 Longtemps, le "p'tit gars" de chez nous qui voulait s'instruire, acquérir une formation, pouvait poursuivre ses études classiques à Sudbury, mais, pour atteindre un collège dans la province de Québec, il lui fallait franchir 350 milles et encore, pour s'y rendre, fallait-il qu'il franchisse quelques 300 milles par l'Ontario.

 Aussi, ne faut-il pas se surprendre que la nécessité et les circonstances aient amené une bonne partie de notre jeunesse à "franchir" la frontière... alors qu'ils auraient pu si bien servir chez nous au développement et à l'exploitation de nos ressources naturelles. Nous reconnaissons que cette "saignée" nous a privé d'une élite dont nous aurions tant besoin aujourd'hui. Affirmons, tout de suite, qu'une route adéquate aurait permis de déverser notre augmentation de population chez nous, nous permettant en même temps de former des hommes de métier, des techniciens, des ingénieurs, aptes à prendre les positions qu'offriraient les ressources du Témiscamingue raisonnablement exploitées et développées.

 (Conclusion) Ajoutons que nous ne concevons pas que l'État du Québec ait conçu l'autoroute Montréal Ste-Agathe dans ses projets sans avoir eu à l'esprit la pensée de desservir d'une façon plus rationnelle la population de l'ouest du Québec. La route 58 forme une partie essentielle du réseau que nous entrevoyons mais ne pourra jamais à elle seule desservir totalement toute la population sans un raccordement rejoignant la route 62 Ville-Marie-O'Connell Lodge via Belleterre. L'établissement d'un tel réseau aura pour fonction de relier harmonieusement la Métropole aux Centres vitaux de tout le Nord-Ouest Québécois (items, transport, commerce, circulation).

 

Accuil