Tintin au cinéma

Les filins avec comédiens

 

Jean-Pierre Talbot à Paris lors d'un des premiers essais pour le rôle de Tintin

 

 

L'affiche réalisée en 1964 pour Tintin et les oranges bleues.

 

 

En 1961 et en 1964, deux films - Tintin et le mystère de la Toison d'or et Tintin et les oranges bleues - tentèrent de faire vivre sur le grand écran les personnages imaginés par Hergé. Malgré la bonne volonté de Jean-Pierre Talbot et de ses compagnons, ils ne firent que renforcer notre amour pour les albums.

 

Les filins utilisant les personnages des Aventures de Tintin ne font pas, à proprement parler, partie de l'œuvre d'Hergé, puisqu'il ne prit jamais part à leur élaboration, même au stade du scénario.

 

Il paraît toutefois impossible de les passer sous silence, étant donné l'audience relativement importante qu'ils ont connue au moment de leur sortie.

 

Adapter Tintin pour l'écran est en réalité une vieille idée. Dès 1946, la société « Les beaux films » réalisa sous forme de films fixes, c'est-à-dire de diapositives enchaînées, la plupart des Aventures de Tintin. C'est sous cette forme que, par de pluvieux après-midi de patronage, bien des enfants découvrirent d'abord les personnages inventés par Hergé.

 

Une autre tentative - moins concluante - fut, en 1947, celle de la cinéaste belge Claude Misonne. Dans ce long métrage inspiré du Crabe aux pinces d'or, les héros étaient en effet représentés par des poupées, animées image après image.

 

Vers la fin des années cinquante, le succès des albums aidant, le monde du cinéma commença vraiment à s'intéresser aux Aventures de Tintin. La solution de films « live », c'est-à-dire avec comédiens, sembla remporter les suffrages.

 

Le problème numéro un était bien sûr de trouver un acteur capable d'incarner de façon crédible le petit reporter à la houppe. De longues recherches furent nécessaires jusqu'à ce jour d'été où, sur la plage d'Ostende, une amie d'Hergé découvrit Jean-Pierre Talbot. C'est lui qui tiendra le rôle principal dans Le Mystère de la Toison d'or (1961) et Tintin et les oranges bleues (1964), deux films dont le moins que l'on puisse dire est qu'ils n'étaient pas appelés à rester dans l'histoire du cinéma.

 

Escapade en forêt pour Tintin-Talbot et son aspirant Milou.

 

 

Dans les rôles principaux du Mystère de la Toison d'or, Jean-Pierre Talbot (Tintin) et Georges Wilson (Haddock).

 

  

 

Tintin et le mystère de la Toison d'or

 

Couverture de l'album-photo que les Éditions Casterman tirèrent de la première aventure de Tintin au cinéma.

 

Fiche technique:

 

Scénario, adaptation et dialogues: André BARRET et Remo FORLANI. Réalisation: Jean-Jacques VIERNE. Musique: André POPP. Distribution: Consortium PATHE. Avec Jean-Pierre TALBOT (Tintin), Georges WILSON (Haddock) et la participation de Charles VANEL et Dario MORENO.

 

Résumé de l'intrigue:

 

A Moulinsart, une lettre apprend au capitaine qu'un de ses vieux amis, Thémistocle Paparanic, vient de mourir en lui léguant son navire «La Toison d'or».

 

24 heures plus tard, à Istanbul, la déception sera brutale: «La Toison d'or» n'est qu'un vieux rafiot à peine capable de reprendre la mer.

 

Pourquoi, dès lors, se demande Tintin, ce bateau semble-t-il susciter autant de convoitises? Pourquoi, après avoir proposé de le racheter à Haddock pour la somme plus que rondelette de 600 000 livres turques, l'élégant Anton Karabine tente-t-il par tous les moyens d'éloigner le capitaine?

 

La vérité se révélera peu à peu. Bien des années auparavant, Paparanic s'était trouvé mêlé, avec quatre membres de son équipage, à un coup d'État au « Tétaragua », petit pays d'Amérique latine. Trois jours plus tard, renversé, il devait prendre la fuite. Sans oublier pourtant d'emporter un trésor, trésor que ses anciens compagnons s'efforcent maintenant de récupérer à tout prix.

 

Les héros réussiront finalement à se débarrasser de leurs ennemis et le trésor sera retrouvé dans la plus simple et la plus efficace des cachettes : le bastingage de «La Toison d'or». Ce dernier était entièrement composé de barres d'or pur, dissimulées sous la peinture noire.

 

Tintin et les oranges bleues

 

Les interprètes I principaux de Tintin et les oranges bleues. Un rien vieilli, Jean-Pierre | Talbot tient toujours le rôle de Tintin, mais dans celui de Haddock Georges Wilson a été ] remplacé par Jean Bouise.

 

 

 

Couverture de l'album-photo inspiré par le second, et à ce jour dernier, film avec comédiens adapté de l'univers d'Hergé.

 

Fiche technique:

 

Scénario  original:   André  BARRET. Réalisation: Philippe CONDROYER. Avec Jean-Pierre TALBOT (Tintin) et Jean BOUISE (Haddock) et la participation de Pierre DUMAYET.

 

Résumé de l'intrigue:

 

La première séquence montre Tournesol interviewé à la télévision. Au cours de l'émission «Lectures pour tous», il présente le livre qu'il vient de publier, Le Monde a faim.

 

Se lançant dans un vibrant plaidoyer, il en appelle aux savants du monde entier pour qu'ils trouvent une solution au problème de la sous-alimentation: «L'avenir des hommes sera assuré le jour où nous ferons pousser des oranges au Sahara... et des pommes de terre au pôle Nord. »

 

Trois jours plus tard, triant l'abondant courrier qu'il a reçu, Tournesol trouve un petit paquet, envoi d'un de ses amis, le professeur Antémar Zala-méa. Et dans ce paquet, une orange bleue, orange qui pourrait pousser sur un sol désertique.

 

Enjeu trop considérable pour ne pas susciter de convoitises, le fruit phosphorescent sera volé la nuit suivante. Parti en Espagne pour retrouver Zala-méa, Tournesol sera presque aussitôt enlevé, tout comme l'avait été son malheureux collègue.

 

C'est grâce à l'aide d'une petite troupe d'enfants, et après bien des péripéties, que Tintin et le capitaine réussiront à libérer les deux savants. Un puissant émir les séquestrait, voulant s'approprier le secret des oranges bleues.

 

Une fois les méchants mis hors d'état de nuire, les recherches humanitaires pourront reprendre.

 

Tintin au cinéma

Les dessins animés

 

Une image extraite du dessin animé tiré du Temple du Soleil.

 


En 1969 et 1972, deux dessins animés de long: métrage sortirent sur les écrans. Hélas, ces nouvelles tentatives cinématographiques ne furent pas plus convaincantes que celles qui les avaient précédées.

 

Les deux dessins animés de long métrage utilisant les personnages des Aventures de Tintin ne sortirent dans les salles obscures que plusieurs années après les films «live». Cela faisait pourtant très longtemps que des expériences d'animations étaient tentées à partir des albums d'Hergé.

 

C'est dès 1956 en fait que la société bruxelloise «Belvsion» (présidée par Raymond Leblanc, le responsable du journal Tintin et des Éditions du Lombard) entreprit ses premiers essais de « semi-animation ».

 

A partir de 1959, des dessins animés en couleurs furent réalisés pour la télévision. Les sept albums choisis avaient été divisés en courtes séquences de cinq minutes de manière à pouvoir être diffusés sous forme de feuilleton quotidien. Dus à Greg, le père d'Achille Talon, les scénarios s'éloignaient parfois assez fortement de l'histoire originale.

 

Fort du succès, au moins commercial, de ces premières tentatives, Belvision décida alors de se lancer dans la production de longs métrages, destinés cette fois au grand écran.

 

Une autre image du Temple du Soleil. Contrairement à ce qui se passe dans l'album, les Dupondt font ici partie de l'expédition qui part à la recherche de Tournesol.

 

 

Le temple du Soleil

 

Dans le droit fil des adaptations réalisées pour la télévision, le choix se porta d'abord sur une aventure existante. Avec ses nombreux rebondissements et son cadre grandiose, Le temple du Soleil semblait se prêter tout particulièrement au passage au grand écran.

 

La réalisation bénéficia de moyens importants, occupant trois cents personnes pendant un an. Raymond Leblanc lui-même était réalisateur en titre, Greg étant quant à lui le principal responsable de l'adaptation. La musique du film était de François Rauber et Jacques Brel avait écrit une chanson spécialement pour l'occasion.

Les remaniements infligés au récit d'Hergé furent nombreux et souvent incompréhensibles. C'est ainsi que l'essentiel de la première partie de l'histoire, Les 7 boules de cristal, se trouve rapidement résumé au début du film sous la forme d'une fort ennuyeuse conférence. Ainsi également que divers épisodes importants sont purement et simplement supprimés, déséquilibrant gravement la narration.

 

Plusieurs scènes de chant et de danse ont par contre été ajoutées, ainsi qu'un personnage, Maïta, la fille de l'Inca qui interviendra pour sauver Zorrino.

 

Le moins que l'on puisse dire est que ces divers changements n'apportent rien à l'histoire. Ils l'affadissent même dangereusement, lui donnant une allure beaucoup plus puérile que les albums et le faisant ressembler à une pâle copie des dessins animés américains. On est loin d'Hergé, loin aussi de Walt Disney.

 

Tintin et le lac aux requins

 

Une image extraite de l'album Tintin et le lac aux requins.

 

 

Au mois de décembre 1972, une nouvelle Aventure de Tintin était présentée dans les salles de cinéma. Fondé sur un scénario original de Greg (de l'aveu même de ce dernier, il s'agissait plutôt d'une libre adaptation d'une Aventure de Jo et Zette, Le Manitoba ne répond plus), ce second dessin animé de long métrage avait l'avantage de ne pas risquer une comparaison directe avec un album de Tintin.

 

L'histoire, qui se déroule presque entièrement en Syldavie, trouve son point de départ dans une nouvelle invention de Tournesol. Cette fois, c'est d'une sorte de machine à « photocopier en trois dimensions » qu'il s'agit. L'appareil devrait permettre de reproduire à volonté les objets les plus divers, et notamment les plus précieux.

 

L'infâme Rastapopoulos - c'est lui le plus dangereux des requins sévissant dans le lac - a accumulé dans un repaire englouti au fond des eaux des œuvres d'art volées dans le monde entier. Avec l'aide de deux enfants, Niko et Nouchka, Tintin réussira, on s'en doute, à déjouer les plans de son plus tenace ennemi.

Malgré les précautions prises, ce second long métrage n'est qu'à peine plus convaincant que le précédent.

 

Quoique entièrement nourri d'éléments hergéens, le récit n'a nullement le charme des albums de Tintin. Bien que s'efforçant d'être fidèle au style du dessinateur, le graphisme n'en possède ni l'élégance ni, paradoxalement, le mouvement.

 

Peut-être les Studios Belvision ne disposaient-ils pas de moyens financiers et techniques pour réussir une transposition aussi délicate. Sans doute est-ce l'absence d'une véritable volonté créatrice qui est la principale responsable de cet échec.

 

 

 

 

 

 

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